Dans le cadre de l’ouverture du service Tiers de l’établissement ROSA de la Fondation Grancher à Chartres, la nouvelle équipe de professionnels a assisté au colloque « Tiers Digne de Confiance » organisé par la Fondation Droit d’Enfance le 1er avril dernier à Paris.
Quelques informations clés à retenir, en attendant les Actes de cette journée.
En 2022, sur les 208 000 enfants et jeunes majeurs confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), seulement 8 % ont été accueillis par un proche : un Tiers Digne de Confiance (TDC) ou un Accueillant Durable et Bénévole (ADB).
Pourtant, dans d’autres pays comme le Canada, les États-Unis ou l’Espagne, ce type d’accueil est beaucoup plus répandu. En France, ce sont principalement les territoires d’outre-mer qui perpétuent cette pratique, grâce à une culture du confiage traditionnel très ancrée.
Depuis plusieurs décennies, le cadre légal invite à privilégier la famille dans les ressources mobilisées autour d’un enfant confié à l’ASE.
La Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) reconnaît même le droit de l’enfant à vivre dans sa famille.
La Loi Taquet de 2022 a réaffirmé la nécessité de mobiliser davantage la famille proche.
En France, la suspicion à l’égard des familles reste forte.
Une croyance persistante veut que :
“Si la mère est dysfonctionnelle, la grand-mère le sera aussi.”
C’est ce qu’on appelle une carence générationnelle supposée.
Cette méfiance systématique empêche encore trop souvent de considérer les proches comme une solution protectrice, alors qu’un changement de paradigme est nécessaire.
Les recherches et retours d’expérience montrent que les accueils chez un proche répondent mieux aux besoins fondamentaux de l’enfant, notamment en matière :
Cela permet à l’enfant :
Le tiers doit déjà avoir un lien affectif durable avec l’enfant, ou s’engager à en développer un (si l’enfant est un nourisson par exemple).
Il peut s’agir :
75 % des tiers sont des grands-parents, majoritairement des grands-mères.
Mais beaucoup vivent dans des situations précaires, avec peu de soutien.
Les Tiers doivent pouvoir compter sur :
Par ailleurs, il est nécessaire de penser une vraie politique de soutien aux aidants.
L’accompagnement des Tiers bouscule les habitudes.
Il s’agit moins de “contrôler” que de soutenir, dans une posture de confiance partagée.
On entre dans une logique de coopération horizontale, avec une reconnaissance mutuelle des savoirs de vie, des expériences, des expertises familiales.
L’un des enjeux est de créer un réseau de solidarité autour de l’enfant, notamment via des conférences familiales.
Ces rencontres permettent de mobiliser la famille élargie et les personnes significatives pour trouver ensemble des solutions durables et concrètes.
Elles permettent de maintenir ou recréer des liens familiaux, de renforcer la coparentalité, d’éviter si possible un placement institutionnel et de redonner un rôle actif à la famille.
C’est dans ce contexte qu’en 2024, le Département d’Eure-et-Loir a lancé un appel à projet pour structurer et renforcer l’accueil par des tiers.
La Fondation Grancher y a répondu, et a ouvert, le 1er avril 2025, un nouveau service Tiers à Chartres, au sein de l’établissement Rosa.
Pour le lancement, une matinée d’information a réuni les acteurs du territoire, le 25 mars 2025 à l’Hémicycle du Conseil Départemental.
L’occasion pour Lucile Basse, doctorante Cifre, chargée d’études à l’ONPE, de proposer une synthétise de sa revue littéraire internationale sur « L’accueil des enfants par un proche »
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